En ’73, j’avais 13 ans…
La jeunesse passe mais ne s’oublie pas et reste en fait marquée en nous pour toujours. On a parfois l’impression d’y être toujours, de par nos pensées ou nos actions, nos rires ou nos chagrins, lié à cette époque attachante comme effrayante et parfois même accablante.
On se revoit jouer, courir, crier de joie avant de se perdre dans nos incertitudes. On se revoit découvrir la beauté du soleil, des arbres et des fleurs, des animaux avant de prononcer la cruauté de l’homme. On se revoit discuter de tout et de rien avec les amis et amies avant de s’apercevoir qu’ils et qu’elles nous comprennent mieux que nos parents. On se revoit rêver d’un monde meilleur, se promettre de changer la société avant de noyer nos illusions dans la peine.
Désabusé et trompé par tous, avec ou sans intention, d’un monde prometteur mais utopique, l’angoisse enfouissait notre engagement à la vie et la motivation de se rendre plus loin.
Mais étions-nous vraiment si malheureux et désespérés? Ou notre naïveté nous empêchait-elle tout simplement d’accepter et de distinguer deux mondes bien distincts: le bon et le mauvais. Deux réalités qui font partie intégrante de notre quotidien, autour de nous dans la société mais également en nous. La peine de reconnaître le malade chez l’autre, le malheur de se reconnaître en eux.
C’était l’époque de l’éveil. L’époque où l’on manifestait contre le mauvais sans admettre qu’il nous possédait aussi. Cette brume tapissait les merveilles de la nature qui nous échappait de plus en plus.
Et c’est cette brume que nous cherchons à dissiper chez notre jeunesse. Car avec les années, on a compris tout ça: que la beauté existe toujours mais qu’on ne la regarde pas; que la joie est omniprésente mais qu’on la rejette.
La vie est prometteuse quand on s’aide à vivre. Elle est remplie de lumières quand on se permet de supprimer l’obscurité. Elle vaut la peine d’être respirée quand on accepte la présence des roses; d’être entendue quand on écoute sa musique.
Le cadeau que l’on peut offrir au quotidien à nos jeunes consiste à les aider à diluer la sombreur en leur permettant de s’ouvrir, de reconnaître et d’accepter cette réalité de deux mondes. Et de mettre l’emphase sur la beauté.
Sylvain
Coordo Le Boum